100 000 00 d’années pour ça!

Le site RUCHE TRONC: https://igoir.com/ Le site "Abeilles en Liberté": https://www.abeillesenliberte.fr Le site “FreeTheBees”: https://freethebees.ch/language/fr/ Le site “Mille et une Abeilles”: https://1001abeilles.org/

La journée est estivale, chaude, ensoleillée…Les prairies semblent avoir été créées par un peintre amoureux, tant elles flamboient sous la couleur des fleurs…En lisière des bois, les acacias voient pendre les grappes lourdes de leur fleurs odorantes, enivrantes… Et pourtant… La nature est silencieuse. Il manque un bruit de fond. Ce bruit que nous n’entendions plus, tellement il faisait partie de nous même, de notre vie, de notre sérénité…Ce bruit doux, rassurant, celui qui pour la plupart d’entre nous représentait l’été, les vacances, la maison des grands parents, le jardin magique aux milles odeurs… Ce bruit, le bourdonnement des abeilles. Il a quasiment disparu !

La petite Lisa qui demandait à son grand père ; -Où elle habitent les abeilles papi ? » Ne verra plus qu’un doigt tendu vers les quelques ruches disposée au fond du verger ;

-Avant, elles habitaient là bas…mais… !

rucher vide

Les abeilles vont disparaître.

Vous ne le remarquez sans doute pas, mais les populations naturelles ont DEJA en grande partie disparu. Il y a quelques années en arrière (disons une génération) nous trouvions un nombre important de colonies d’abeilles sauvages dans les vieux châtaigniers, les murs de pierres, les rochers…Il était facile de peupler son rucher avec les essaims sauvages qui parcouraient notre ciel… Aujourd’hui les arbres creux restent vides. Vous pouvez parcourir des hectares de châtaigneraies…

Ne cherchez pas...il est vide!
Ne cherchez pas…il est vide!

vous ne trouverez pas un essaim d’abeilles.Vous pouvez observer les prairies fleuries…celles qui bruissaient et qui résonnent peut être encore dans vos souvenirs d’enfant…vous n’y verrez que les rares abeilles probablement issues des populations d’un rucher voisin.

Le constat est amer pour qui aime la nature. Pour qui sait l’importance des abeilles dans l’équilibre de cette nature . Pollinisation…diversité entomologique…plus simplement respect du vivant…

Mais que se passe t’il ?

Réchauffement climatique… ? Celui là a bon dos. On lui octroie toutes les sources de nos angoisses et même s’il est évident qu’il participe largement aux transformations actuelles et à venir de notre monde, il reste bien pratique pour justifier l’inexplicable , l’irraisonné et l’irraisonnable !

Pesticides répandus par l’agriculture intensive ? Là, il y a fort à parier que nous tenons un présumé coupable, très, très coupable. Mais comme il a les moyens de se payer d’excellents avocats et de non moins excellents arguments « finance-faim-dans-le monde-emplois », les abeilles, en victimes, n’ont guère à espérer la moindre reconnaissance.

Les méthodes intensives d’exploitation des abeilles… ?  Méthodes intensives d’exploitation . Oups, le vilain groupe de mots !

La ruche à cadres n’a pas été conçue pour le bien être des abeilles. Qui le penserait, se mettrait le doigt dans l’œil bien profond. Les cadres mobiles sont certes bien pratiques. Tout à fait rationnels. Ils permettent une pénétrations totale dans l’intimité de la colonie. La ruche à cadre est un livre d’histoire naturelle dont les pages sont les cadres. Il suffit de parcourir les indices qu’ils recèlent pour découvrir la vie passée, présente et parfois à venir de la colonie.  Hélas pour les abeilles !

Opération chirurgicale
Opération chirurgicale

Nous, êtres humain, nous savons bien que le moindre déraillement dans le comportement d’une des fonctions de notre organisme peut nous mener sur une table d’opération. Anesthésie, ouverture du corps, tripatouillage de tel ou tel organe, saignement abondant, soins, fermeture de la plaie béante, réveil, traumatisme post opératoire plus ou moins marqué…Enfin, le commun d’une opération chirurgicale… Chez l’être humain qui a eu à subir une opération, on envisage un espace temps nécessaire à sa réintroduction dans le système de fonctionnement de ses capacité à vivre normalement.

Pour l’abeille… la ruche refermée après ouverture, manipulation des cadres, remplacement de tel élément, tripatouillages plus ou moins adroits, on imagine, la conscience tranquille, que notre action à été bénéfique, voir indispensable…. Que seraient les abeilles sans notre génie ! Mais pensez vous que l’ouverture d’une ruche et les manipulations entreprises soient autre chose qu’une opération chirurgicale.

Le comportement de chaque cellule-abeille est parfaitement orchestré au service de l’équilibre vital de la colonie. L’ordonnancement des rôles de chacune est minutieusement établi minute par minute. Les fonctions qui régissent l’intérieur de la colonie sont les mêmes qui régissent celui de n’importe quel organisme vivant. Les réactions biologiques, sociales, physiques ou psychiques sont actives en permanence afin de maintenir cet équilibre vital. La « visite » d’une ruche à cadre ne peut se faire sans conséquences graves ; Extraction de cadres, cellules écrasées, vidées, épanchement de miel, abeilles-cellules tuées, perte de chaleur ou au contraire surplus de chaleur dûe à la désorganisation de la chaîne de climatisation dans la ruche, désorganisation générale de la grappe…Un traumatisme invisible, mais bien réel. Un affaiblissement de l’efficacité de toutes les fonctions… Il faudra plusieurs jours avant de retrouver un équilibre parfait.

...aprés ouverture!
…aprés ouverture!

C’est pourquoi, dans une optique d’apiculture non productiviste, il faut préconiser, il faut réhabiliter la ruche-tronc. Cette apiculture est celle du regard, du ressenti et du respect. La ruche tronc est une façon de dire ;

« Revenons en arrière et réfléchissons à ce que nous voulons »

1 Produire du miel ;

Par stimulations nutritionnelles irraisonnées !

Par sélection de reines devenues des formule 1 de la ponte !

Beaucoup de couvain ...mais peu de miel!
Beaucoup de couvain …mais peu de miel!

Par sélections de « races » données pour de supposées qualités qu’elles échangeront pour tout leur contraire dés l’hybridation naturelle survenue !

Par des déplacements géographiques successifs sur des aires de butinage dont les colonies ne sont pas obligatoirement coutumières !

C’est un choix. Un choix que j’ai fait alors que je voulais vivre de l’apiculture. Il n’y en avait pas d’autre. J’ai ainsi connu l’age d’or (il y a une trentaine d’années). Sans effort les ruchers se gonflaient d’eux mêmes de colonies dont le développement n’était entravé que des quelques maladies connues et facilement combattues. La règle à l’époque était simple ; avoir toujours à la tête de nos colonies de jeunes reines. Elles étaient garantes de fortes populations, et par là, de bonnes récoltes. Pourquoi a t-il fallu que nous répondions présent aux annonces mirobolantes qui nous venaient de part le monde et annonçant l’existence de « races » d’abeilles tellement supérieures à la nôtre. Notre bonne abeille noire. Des noms prestigieux ont apparu ; La Buckfast…venue d’Angleterre, la Carnolienne nous faisait des signes des Carpates, la Caucasienne de Géorgie et même l’Italienne qui pourtant avait du mal avec les longs hivernages…J’en oublie sûrement. Ce que je n’oublie pas, c’est que cette folie de ne voir qu’avantages dans le pré voisin, nous a détourné de l’essentiel en apiculture ; Le respect de l’existant. Cet existant qui s’est bâti sur des millions d’années de formation, de résistances, de combats, d’adaptations et qui possède en lui toutes les qualités propres à un lieu, à un environnement qu’il connaît jusqu’au fond de ses gènes. La punition n’a pas traîné. Varroa est arrivé (se serait lui faire trop plaisir que de vous le présenter…Allez donc faire sa connaissance sur internet! )

L Varroa est arrivé parce que nous l’avons fait venir. Parce que nous voulions « mieux » que ce que nous avions. Parce que nous ne savons pas qu’en important une espèce vivante nous avons toutes les chances d’importer avec elle ses parasites.

Il ne suffisait pas des nouveaux traitements chimiques sur les grandes cultures ; Colza, tournesol…

epandage colza

Traitements épandus en dépit du bon sens sur la fleur, au milieu des abeilles et autres insectes butinant et pollinisateurs. L’ennemi cette fois s’attaquait directement à l’organisme et au développement des essaims. De 10% d’augmentation annuelle et naturelle d’un cheptel on passait à 70% de perte de cheptel en deux ou trois années. La réaction du monde apicole fut à l’image de sa stupide inconscience ;

Panique!

Je parle là des années 1985…1990. Aujourd’hui 2014…la panique est toujours à bord. Le Varroa est partout ; Il ne connaît aucune limite d’invasion. Son principe d’attaque est simple ; Il se répand par abeilles interposées, profite des transhumances et des mélanges de population pour étendre son empreinte sur tout ce qui est abeille. Il se reproduit dans la ruche même, au sein du couvain des faux bourdons.

varoa en cellule

Il vampirise les abeilles (on peut en apercevoir de nombreux sur une seule abeille) jusqu’à épuisement et mort de celle ci. Sa prolifération est telle, qu’en trois années, il met au tapis ce qui pouvait être une forte colonie.

Dans cette histoire, ce qui devrait nous inciter à la plus grande humilité, n’est pas le fait d’avoir commis la bêtise d’introduire dans notre cheptel son pire ennemi. Ce serait plutôt la constatation que nous ne savons pas comment nous en défaire. Ce que je décris là, n’est que le fruit d’un comportement inhérent à l’espèce humaine (et aux vaches) ;

vache

L’herbe, dans le pré voisin est tellement meilleure…!

2 Faire de l’apiculture…pour les abeilles.

Le deuxième choix pour ceux qui ne désirent pas vivre de l’apiculture, pour ceux qui n’ont pas vocation à être des supers producteurs de miel, pour ceux qui portent un regard attentif et responsable sur leur environnement, est simple; Offrir aux colonies d’abeilles des zones de vie protégées. Accompagner une ou plusieurs colonies, en être responsable dans la mesure de ses connaissances et permettre, voir favoriser, un  essaimage naturel qui pourrait être comparé à un réensemencement des zones désertées par l’abeille.

Ce ne serait déjà pas si mal…Non!

Pour cela quelles conditions faut t’il réunir?

Un espace maîtrisé et sûr. Un espace personnel. L’aventure n’est jouable que si les conditions d’installation d’une RUCHE_TRONC sont parfaitement établies dans la durée, la stabilité et la sécurité.

st maurice de ventalon 008

Des notions, non seulement d’apiculture, mais plus encore, de bonnes connaissances de la vie des abeilles; anatomie, physiologie, comportement…bref tout ce que l’on peut découvrir avec passion dans la littérature spécialisée. Il est impossible d’accompagner un aveugle si nous même nous somme frappé de cécité. Ne comptez pas sur les abeilles pour vous prendre par la main. Elles ne vous connaîtrons jamais. C’est à vous d’avoir le sens et le jugement du chemin à parcourir avec elles. Il en va de leur survie et de votre satisfaction à vivre des moments de grands bonheur en leur compagnie. Sachez qu’avec les abeilles, l’instant présent où tout se passe parfaitement bien, peut trés vite déraper et donner lieu à des situations difficiles et douloureuses. Les connaitre bien, c’est savoir ne pas déclencher cette volte face dont nous sommes souvent les responsables.

Enfin ce qu’il faut aussi, c’est accepter de n’être payé en retour de nos efforts et de nos soins que par le résultat de l’idée qui a motivé notre démarche. Le résultat  sera l’essaimage. Un essaim parti de notre RUCHE-TRONC est une graine précieuse plantée dans notre environnement. Ou ira t’il si nous ne le récoltons pas? Que deviendra t’il…? Cela, c’est l’histoire de la nature. Nous offrons la graine, et elle, sont immensité à repeupler…

Le petit plus sera une modeste récolte de miel…Mais quel miel! 

Suite au prochain numéro

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